Un jeudi au Palais Jacques Coeur de Bourges. Grandes architectures de pierres blanches, vitraux, gargouilles, ornements et toits d’ardoise, le dépaysement est totale. Cet édifice du XVème siècle accueil Genre Humain, une exposition proposée par Claude Lévêque à l’occasion des 30 ans de l’association Emmetrop. Au coeur du centre-ville, dans ce lieu du patrimoine où l’art s’invite et
dialogue avec l’histoire, cette exposition collective réunit des pièces de 30 artistes de générations et d’horizons divers.
Lorsque l’on entre dans la grande salle, on ne remarques pas tout de suite Pain (1967), d’Érik Dietman, qui comme un caméléon, se fond dans la couleur des pierres du murs sur lequel la sculpture est accrochée. Nos yeux tournent dans la pièce et s’arrêtent sur une petite ouverture qui nous laisse entrevoir un autre espace dans lequel se trouve un cube tenu en équilibre par son arrête sur une table, l’Initiation Room n°1 (projet de 1971) de Tania Mouraud. On est naturellement guidée dans l’exposition par le son en boucle des abeilles bourdonnantes qui s’échappe des étages où est projeté la vidéo Human de Pierre Huyghe ou encore le claquement en rythme des cuillères remontant de l’installation Chiens de Diamants de Claude Lévêque qui a investit les sous sols. Emprunter un couloir. Un panneau d’autoroute, Sombernon (2015), de Bertrand Lavier signal notre entrée dans une nouvelle zone. Les coups de pinceaux, couleurs industrielles et remplissage similaire font de ce panneau aseptisé, habituellement vu en une fraction de seconde, un objet presque agréable à regarder. Il se retrouve là, figé sous nos yeux.
Gina Pane, Michel Journiac, Jérôme Zonder, Mona Hatoum, Christian Boltanski, Gérome Nox, David Hammons et bien d’autres. Au fur et à mesure de l’ascension on découvre ou redécouvre des oeuvres d’artistes majeurs disséminées dans tout le palais, couloirs, chambres, cabinets, salles de réceptions et chapelles. Mon coup de coeur se situe à mi-parcours, lorsque j’entres dans un petit cabinet. Sur le mur, une gouache d’Anne Brégeaut, face à la cheminée, un bouquet de fleurs faussement fanés repose sur un guéridon en formica, Bouquet fané 4 de Pierre Ardouvin semble avoir subi l’épreuve du temps. Dans les méandres de ce palais aux allures de conte de fées, de nouveaux endroits s’offrent à nous. Du sous-sol au comble du grenier la surprise est totale. Parfois la résonance se montre à tes yeux comme une évidence, à l’image des murs sculptés de la bâtisse et des maquettes immobilières de Jonathan Loppin.
3h15 ont passé. Tu ne t’en es même pas rendu compte. Le dialogue entre les oeuvres et lieu se fait naturellement. Patrimoine culturel et oeuvre contemporaine, l’alchimie parfaite (un exercice difficile et bien mené par emmétrope et claude) .
Genre Humain, du 12 juin au 4 octobre 2015 au Palais Jacques Coeur, Bourges. Sur une proposition de Claude Lévèque pour les 30 ans d’Emmetrope, territoire d’expérimentation pour la création contemporaine.
Érik Dietman, Pain, 1967 (vue de l’exposition)
Bertrand Lavier, Sombernon, 2015 (détail)
Tania Mouraud, Initiation Room n°1 (projet de 1971), 1971-2015 (vue de l’exposition)
Claude Lévêque, Chiens de Diamants, 2015 (vues de l’installation, sous sol du Palais Jacques Coeur)
Jérôme Zonder, Pierre-François et le chat qui rit, 2012 (vue de l’exposition)
Anne Brégeaut, Où s’en vont nos souvenirs?, 2008 et Pierre Ardouvin, Bouquet fané 4, 2010, (vue de l’exposition)
Mona Hatoum, Electrified II, 2010 (détail)
Martine Aballéa, Celui qui m’a oublié, 2013 (vue de l’exposition)
Jonathan Luppin, Promotion rue du champ des oiseaux, 2014 (détail)
Gérome Nox, DRONES #1.0, 2015, installation sonore (vue de l’exposition)
Claude Lévêque a dédié cet exposition à Chris Burden
Bien entendu je ne vous montre pas tout. Vous en voulez plus? Rendez-vous au Palais Jacques Coeur retrouvez toutes les informations ici.
Article très intéressant 😉
J’aimeJ’aime
Merci, belle journée 🙂
J’aimeJ’aime