Oh my book #4

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Sur la couverture sable du livre monographique d’Elina Brotherus, le dessin minimal d’un cycle de lune entoure le titre. Carpe Fucking Diem, une philosophie prise à contre-pied qui donne envie de tout envoyer valser.

2008, 2009, 2010, 2011, une image de calendrier annoté se tient au milieu d’une page blanche. L’année commence toujours ainsi. Puis une série d’autoportrait, assise à table dans sa salle à manger, allongée sur un canapé, le regard monotone, le corps avachi, refermé sur lui-même. La répétition de ces gestes, devenu rituel, donne le rythme à ces années qui défilent sous nos mains. On attend le résultat, celui du test de grossesse. L’histoire se répète en vain, toujours de la même manière, le résultat est négatif. La souffrance de l’attente et visible et nous prend au corps (Annonciation 18, 2012). Intrigue, portrait, dénouement, ellipse ou encore silence. Feuilleté ce livre nous donne l’étrange sensation de se plonger dans film. Un film dont nous manipulons la durée avec les possibilités de retour en arrière ou encore d’arrêt sur image, pour mieux saisir les symboliques, les rapprochements formelles comme dans cette double pleine page, où seringues jaunes, noires et transparentes côtoient un plateau d’huitres qui reposent sur de la glace pilée accompagnée de petites tranches de citrons jaunes (Syringues, 2013).

Dans ce bijoux éditorial photographique, Elina Brotherus nous plonge dans la vraie vie. Celle où les artifices et les faux semblants n’ont pas leur place. À travers des autoportraits poignants (Annonciation 2, Helsinki, 18.03.2009, 2009) ou encore les clins d’oeil élégants et juste au romantisme (Dry Lake, Phnom Penh, 2013), Elina Brotherus place au coeur de ses images, la question de l’être et le rapport parfois difficile à la vie.