Neige éternelle

Un vendredi après midi, Pierre Ardouvin à la Maison des Arts de Malakoff.

Pierre ardouvin

C’est comme un matin d’hiver, lorsque l’on ouvre les volets. Un tapis blanc, sans fin, recouvre le sol. La première neige. Celle qui sous sa blancheur voluptueuse fait disparaitre le paysage pour en peindre un nouveau. Celle qui n’est pas encore foulée, celle dans laquelle on aimerait être la première à l’entendre craquer sous nos pas.

Retour dans la neige me transporte dans un paysage contredit par une douce mais cynique atmosphère. Les fenêtres laissent timidement passer la lumière à travers leurs voiles. La neige s’est installée dans un intérieur calfeutré d’une blancheur étincelante, je suis charmée.

Je me laisse guider par un chemin qui semble avoir été dessiné par le passage de multiples visiteurs. Il me rappelle la piste de ski de fond qui entourait le lac gelé de Tartu en Estonie, une piste que nous empruntions tous sans jamais nous écarter de sa trace. Un lac qui fait écho au souvenir aux souvenirs gelés dispersés dans cette maison. Des souvenirs qui attendent patiemment d’être réveillés.

Le blanc fait disparaitre les repères. Il m’est difficile de vous dire si je retrouve dans un salon d’appartement, un bureau d’entreprise ou simplement une façade devant laquelle on aurait déposé des objets avant le passage des encombrants.

Tous les bruits sont absorbés par cette épaisse couche de neige qui peu à peu devient artificielle et ne fait plus illusion. Il n’est plus question de tromper nos sens, car il ne fait pas froid. Il fait même plutôt bon. Ai-je fait irruption sur un plateau de cinéma ou suis-je l’actrice de mon propre théatre?

Tout cela forme l’image d’un grand souvenir où tout ce mélange. Un grand souvenir figé par un étrange hiver, un grand souvenir qui n’attend que vous pour être ravivé.

maison des arts malakoff

Pierre ardouvin

Souvenir gelé, Pierre Ardouvin


Pierre Ardouvin, Retour dans la neige, exposition du 7 février au 3 mai 2015 à la Maison des Arts, centre d’art contemporain de Malakoff.