LAZY DAYS – Un weekend au centre d’art Les Tanneries, Amilly

L’ancienne friche industrielle d’Amilly devient un centre d’art contemporain, Les Tanneries. Un lieu d’expositions, de résidences et d’échanges. Une véritable expérience artistique hors du temps. Comme une invitation à se promener au hasard et sans hâte, s’arrêter devant une œuvre d’art, avancer lentement, aller et venir entre les salles, passer par le jardin, divaguer sans direction précise à travers « Œuvres au singulier », « Presqu’île #1 » et « Histoire des formes », trois expositions qui inaugurent Les Tanneries.

Dans la Grande Halle au rez-de-chaussée Sylvie Turpin, commissaire d’exposition de l’AGART (1) a été invitée par la Ville d’Amilly à penser « Oeuvres au singulier ». Une exposition qui réunit Martin Barré, Christian Bonnefoi, Erik Dietman, Norman Dilworth, Jean- pierre Pincemin, François Rouan, Claude Viallat et Jan Voss mettant en avant des travaux des années 70 qui dialoguent avec des pièces récentes des mêmes artistes. Dans une lumière naturelle traversante qui se dépose en douceur sur les pièces, on est attiré par les sculptures en bronze à l’humour grinçant d’Érik Dietman (Paysage Normand, sans date). Il y a ce plaisir assez rare, pour le spectateur, de choisir sa trajectoire dans cette exposition qui n’impose pas son parcours. La marche se fait lente, les formes et les couleurs guident nos pas, et l’on se prête à rêver devant les pièces à l’univers poétique de Jan Voss (Ym, 1993).

Vient le moment de prendre de la hauteur. Monter les escaliers de métal. Entrer dans la galerie Haute, dans laquelle l’exposition « Histoire des formes », dont Éric Degoutte, directeur des lieux, est commissaire, prend place dans un espace plus conventionnel cette fois. Murs blancs, lumière artificielle pour accueillir plusieurs générations d’artistes dont les formes se répondent. Vert, bleu, violet, rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet, rouge, orange, etc.(François Morellet, Pi Rococo n°1 1=20° 200 décimales, 1998). Une composition éclatée qui n’en reste pas moins ordonnée, à l’image de ce qui est proposé dans ce lieu. Passer derrière et entre les murs, Donald judd, Claire Chesnier, Nicolas Chardon ou encore Maude Maris. Enfin Notre regard se fait complice d’une vidéo de quelques secondes d’Ivan Argote, qui vient interroger d’un geste toute l’exposition. Retouch est une action furtive où l’on voit l’artiste courir vers une série de toiles de Mondrian et les recouvrir d’une ligne noire à l’aérosol. Un geste iconoclaste qui vient pourtant créer une forme à son tour. (Ivan Argote, Retouch, vidéo, 2008).

Le centre d’arts des Tanneries offre des incroyables moments de respirations. À la sortie de la galerie on contemple le ciel à travers une immense verrière qui s’étend sur toute la longueur de l’édifice. C’est le moment de s’autoriser une pause à la manière des romantiques. S’accouder à la fenêtre. Seul, se laisser saisir par la beauté du jardin, pourtant à peine débroussaillé. Comme si l’on découvrait un trésor, parsemé de formes qui attisent notre curiosité. L’exposition « Presqu’île #1 » s’étend sur cette parcelle fraichement explorée. Des poteaux noirs élancés vers le ciel, surmontés d’une plateforme. Tous sont reliés par une ligne qui zigzag (Philippe ramette, Funambule (titre provisoire), 2011). Un parcours funambule à demi camouflé par les feuillages des arbres. Spectateur un peu perdu, aux trajectoires hésitantes, peut-être sommes-nous, les funambules que Philippe Ramette aurait attendu. Au loin, un panneau lumineux éteint, de plexiglas noir et blanc sur lequel on peut lire LAZY DAYS (2007), qui s’illumine seulement le soir. On est là, à attendre que ça s’allume. Elisabeth Ballet nous inviterait-elle ouvertement à la paresse.

Dans cette parenthèse apaisante, chacun part dans sa direction, attrape les œuvres au fil de ses envies, fait des détours, s’arrête. On se met à observe les gens se balader. Le soleil se couche au fond du jardin, l’enseigne s’illumine. LAZY DAYS.


les-tanneries-amilly-norman-dilworthVue de l’exposition Oeuvres au singulier, Grande Halle, sculpture de Norman Dilworth
les-tanneries-amilly Vue de l’exposition Oeuvres au singulier, Grande Halle. Au mur, Jan Voss. Sculpture, Jean Pierre Pincemin.les-tanneries-amilly-art-contemporainVue de l’exposition Histoire des formes, Galerie Haute. Elisabeth Ballet, Smoking and brillantine, 2011les-tanneries-amillyVue de l’exposition Histoire des formes, au fond, Maud Marisles-tanneries-amilly-claire-chesnierVue de l’exposition Histoire des formes, au mur, Claire Chesnier.
img_8519Vue de l’exposition Presqu’île #1, sculpture Nicolas Sanhesles-tanneries-amillyVue de l’exposition Presqu’île #1, parc de sculpture, Pierre Tual, Renouée du Japon, 2012les-tanneries-amilly-elodie-bernardMe voilà, sur l’oeuvre de Nathalie Brevet_Hughes Rochette, de Loing en loin, 2015, en pleine tentative de diffusion sur Instagram.
les-tanneries-amilly-lazy-daysVue de l’exposition Presqu’île #1,  parc de sculpture. Oeuvre d’Elisabeth Ballet, Lazy days, 2007
(1) L’association L’AGART a été créée en 2001 à l’initiative de Patricia Reufflet, présidente, et de Sylvie Turpin, directrice artistique, composée d’amateurs d’art et d’artistes. Ils réalisent des expositions qui s’accompagnent de publications et de conférences. L’association bénéficie pour ce faire d’une galerie en centre Bourg, mise à disposition par la ville d’Amilly. Depuis 2007, trois expositions en partenariat avec la ville d’Amilly ont eu lieu sur le site des Tanneries, Fabrique(s) du lieu, Le Paradoxe du diaphane et du mur et décomposition illustrant ainsi la complémentarité de l’action territoriale et de l’action artistique.

Centre d’art Les Tanneries, Amilly

Grande Halle, ŒUVRE AUX SINGULIERS (Commissariat Sylvie Turpin) Jusqu’au 13 novembre 2016, Galerie Haute, HISTOIRE DES FORMES (Commissariat Éric Degoutte) Jusqu’au 12 mars 2017, Parc de sculptures, PRESQU’ÎLE #1 (Commissariat Éric Degoutte) Jusqu’au 12 mars 2017

Informations pratiques ICI

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